Réduire de moitié la consommation d’alcool – Des scientifiques découvrent un effet secondaire surprenant du médicament contre l’obésité Semaglutide

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L'alcool en tant qu'automédication

Une nouvelle étude a montré que le Semaglutide, un médicament utilisé pour traiter l’obésité et le diabète, réduisait de manière significative la consommation d’alcool et le taux de rechute chez les rats alcooliques, ce qui laisse présager une utilisation dans le traitement de la dépendance à l’alcool chez l’homme. Le médicament semble bloquer la libération de dopamine induite par l’alcool dans le système de récompense du cerveau, ce qui pourrait potentiellement réduire les effets gratifiants de l’alcool, bien que des études cliniques sur l’homme soient nécessaires pour confirmer ces résultats.

Le médicament Semaglutide, également connu sous des noms de marque tels qu’Ozempic, a été approuvé pour le traitement de l’obésité, ce qui a entraîné une hausse de la demande qui a causé de récents problèmes d’approvisionnement. Certains patients souffrant d’obésité ou de diabète ont signalé officieusement que leurs envies d’alcool diminuaient après avoir commencé à prendre ce médicament.

Actuellement, un mélange de techniques psychosociales et de médicaments est utilisé pour traiter les personnes souffrant de dépendance à l’alcool. Il existe quatre médicaments approuvés sur le marché. Étant donné que la dépendance à l’alcool est une maladie aux origines multiples, l’efficacité de ces médicaments peut varier. C’est pourquoi il est essentiel de développer de nouvelles options thérapeutiques.

Réduction des rechutes

Le sémaglutide est une substance à action prolongée qui ne doit être prise qu’une fois par semaine. Il s’agit du premier médicament agissant sur le récepteur GLP-1 qui peut être pris sous forme de comprimés.

Les résultats de l’étude sont publiés dans la revue scientifique eBioMedicine. Dans cette étude, des rats alcooliques ont été traités avec du semaglutide, ce qui a permis de réduire de manière significative leur consommation d’alcool et même de réduire la consommation d’alcool associée à des rechutes. Les rechutes constituent un problème majeur pour les personnes souffrant de dépendance à l’alcool, car une personne qui s’est abstenue de boire pendant un certain temps rechute et boit plus qu’avant le sevrage.

Elisabet Jerlhag Holm et Cajsa Aranäs, Académie Sahlgrenska de l’Université de Göteborg. Crédit : Johan Wingborg, Elin Lindström

Dans l’étude, les rats traités ont réduit de moitié leur consommation d’alcool par rapport aux animaux qui n’ont pas reçu de traitement. Un résultat intéressant de l’étude est que le semaglutide a réduit la consommation d’alcool de la même manière chez les rats mâles et femelles.

Animaux et humains

L’étude fait état d’un effet remarquablement bon, bien que des études cliniques soient nécessaires avant que le médicament puisse être utilisé pour la dépendance à l’alcool, et de telles études prennent du temps. À l’avenir, le médicament pourrait être le plus bénéfique pour les patients souffrant à la fois de surpoids et de dépendance à l’alcool. Selon les chercheurs, il est probable que ces résultats soient transposés à l’homme, car les résultats d’autres études sur les médicaments contre la dépendance à l’alcool réalisées avec le même modèle de recherche ont montré des effets similaires chez l’homme et chez le rat.

« Il existe bien sûr des différences entre les études menées sur les animaux et celles menées sur les humains, et il faut toujours en tenir compte. Cependant, dans ce cas, il existe une étude antérieure sur les humains dans laquelle une ancienne version des médicaments contre le diabète qui agissent sur le GLP-1 s’est avérée réduire la consommation d’alcool chez les personnes en surpoids souffrant de dépendance à l’alcool », explique Elisabet Jerlhag, professeur de pharmacologie à l’Académie Sahlgrenska de l’Université de Göteborg.

Mécanismes dans le cerveau

L’étude actuelle a également examiné les raisons pour lesquelles le médicament réduit la consommation d’alcool. Les résultats indiquent que la réduction de la récompense induite par l’alcool pourrait être un facteur contributif. Dans l’étude, le semaglutide a affecté le système de récompense du cerveau chez les souris, plus précisément la zone du noyau accumbens du cerveau, qui fait partie du système limbique.

« L’alcool active le système de récompense du cerveau, entraînant la libération de dopamine, ce que l’on observe à la fois chez l’homme et chez l’animal. Ce processus est bloqué par le médicament chez les souris et, selon notre interprétation, cela pourrait entraîner une réduction de la récompense induite par l’alcool », explique Cajsa Aranäs, doctorante à l’Académie Sahlgrenska de l’Université de Göteborg, qui est à l’origine d’une grande partie des travaux sur lesquels repose l’étude présentée ici.

Référence : « Semaglutide reduces alcohol intake and relapse-like drinking in male and female rats » par Cajsa Aranäs, Christian E. Edvardsson, Olesya T. Shevchouk, Qian Zhang, Sarah Witley, Sebastian Blid Sköldheden, Lindsay Zentveld, Daniel Vallöf, Maximilian Tufvesson-Alm et Elisabet Jerlhag, 7 juin 2023, eBioMedicine.
DOI: 10.1016/j.ebiom.2023.104642