Un simple test sanguin permet désormais de diagnostiquer une maladie de vivo

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Le syndrome de déficience en Glut1, une maladie neurologique causée par une mutation génétique entraînant une insuffisance de glucose pour le cerveau, peut provoquer des crises d’épilepsie, des mouvements anormaux et des retards de développement. Les scientifiques ont mis au point un test sanguin appelé METAglut1, qui permet de diagnostiquer rapidement la maladie, sans avoir recours à une ponction lombaire invasive, avec une sensibilité d’environ 80 % et une spécificité de plus de 99 %.

Le syndrome de déficience en Glut1 est une maladie neurologique relativement obscure qui reste inconnue de la communauté médicale, malgré ses graves effets débilitants. Cette maladie résulte d’une mutation du gène SLC2A1, qui entraîne une déficience du transporteur de glucose GLUT1 chez les personnes touchées. Comme ce transporteur joue un rôle essentiel en facilitant l’absorption du glucose dans les cellules gliales, son dysfonctionnement fait que le cerveau ne dispose pas de suffisamment de sucre pour fonctionner de manière optimale. En conséquence, les patients souffrent de crises d’épilepsie, d’épisodes de mouvements inhabituels et de retards de développement.

Toutefois, il est possible d’atténuer les symptômes indésirables en gérant l’anomalie métabolique à l’origine de la maladie en adoptant un régime cétogène riche en graisses. En outre, de nouvelles molécules thérapeutiques prometteuses conçues pour compenser l’apport insuffisant de glucose aux cellules cérébrales sont actuellement en cours d’évaluation.

« Les patients qui ne sont pas diagnostiqués subissent une regrettable perte de chance. Ils pourraient être traités, déclare le professeur Fanny Mochel, investigateur principal de l’étude. Il est urgent de mieux les identifier, car beaucoup d’entre eux sont absents ou diagnostiqués trop tard. »

L’incidence du syndrome de déficit en Glut1 est estimée à 1 sur 24 000 dans la population générale. Ce chiffre est probablement sous-estimé, car il ne prend en compte que les patients épileptiques et non ceux qui présentent des symptômes isolés et non spécifiques tels que des difficultés d’apprentissage ou des mouvements anormaux. Le diagnostic est d’autant plus difficile à poser qu’il reposait auparavant sur une ponction lombaire complétée par des tests génétiques.

« Cette procédure invasive, souvent longue et coûteuse, limite considérablement l’accès aux soins, ajoute le chercheur. D’où l’intérêt de rechercher un biomarqueur sanguin permettant un diagnostic rapide du syndrome de déficience en Glut1. »

Des globules rouges bourrés d’indices

En effet, le transporteur GLUT1 n’est pas seulement abondant dans les cellules endothéliales et gliales du cerveau : il se fixe également à la surface des érythrocytes, les globules rouges. Le test diagnostique conçu par la medtech METAFORA biosystems, basée à Paris, permet de quantifier GLUT1 à leur surface par cytométrie de flux, une technique couramment utilisée dans les laboratoires d’analyse. Un simple prélèvement sanguin est nécessaire pour réaliser le test, sans qu’il soit nécessaire de prendre un patient à jeun. Le résultat est disponible en 48 à 72 heures.

Pour valider le nouveau test – METAglut1 – les équipes de l’AP-HP et de 33 centres d’investigation clinique français, sous la direction du Professeur Fanny Mochel, ont recruté 549 patients dans une cohorte prospective – c’est-à-dire des personnes chez qui la maladie était suspectée – et 87 patients dans une cohorte rétrospective, déjà diagnostiqués. L’objectif ? Comparer l’efficacité et la précision de METAglut1 avec le test diagnostique de référence nécessitant un prélèvement de liquide céphalo-rachidien et une analyse génétique.

Les résultats des chercheurs indiquent que METAglut1 a une sensibilité d’environ 80%, une spécificité de plus de 99% et une valeur prédictive élevée, une performance comparable au test de référence. « Ces données nous permettent de valider formellement l’intérêt du test, précise le professeur Fanny Mochel. Il permettra de rechercher le syndrome de déficience en Glut1 chez de nombreux patients de manière simple et rapide. En cas de résultat positif, un traitement pourra être mis en place immédiatement, améliorant significativement le pronostic, notamment pour les enfants en plein développement cérébral. »

Par conséquent, les auteurs de l’étude recommandent que le test soit effectué chez tous les enfants à partir de 3 mois et les adultes présentant une déficience intellectuelle, des troubles du développement neurologique, des mouvements anormaux ou une épilepsie – en particulier si celle-ci est résistante aux médicaments et si un régime cétogène atténue les crises. En effet, s’il est utilisé à un stade symptomatique précoce, METAglut1 permet d’identifier immédiatement 80 % des patients atteints du syndrome de déficit en Glut1. C’est pourquoi la Haute Autorité de Santé française recommande son remboursement, ce qui ouvre la voie à son adoption en Europe et aux États-Unis.

Référence : « Prospective Multicenter Validation of a Simple Blood Test for the Diagnosis of Glut1 Deficiency Syndrome » par Fanny Mochel, Domitille Gras, Marie-Pierre Luton, Manon Nizou, Donatella Giovannini, Caroline Delattre, Mélodie Aubart, Magalie Barth, Anne De Saint-Martin, Diane Doummar, Nouha Essid, Alexa Garros, Caroline Hachon Le Camus, Celia Hoebeke, Sylvie Nguyen The Tich, Maximilien Perivier, Serge Rivera, Anne Rolland, Agathe Roubertie, Catherine Sarret, Caroline Sevin, Dorothee Ville,Marc Sitbon, Jean-Marc Costa, Roser Pons, Angels Garcia-Cazorla, Sandrine Vuillaumier, Vincent Petit, Odile Boespflug-Tanguy et Darryl C. De Vivo, pour le groupe d’étude MetaGlut1, 19 avril 2023, Neurology.
DOI: 10.1212/WNL.0000000000207296