Une étude récente révèle qu’environ 30 % des enfants de 13 pays subsahariens souffrent de paludisme, les enfants les plus âgés, ruraux et à faibles revenus étant les plus exposés. L’étude suggère des moustiquaires imprégnées d’insecticide et de meilleurs logements comme mesures préventives pour ces communautés.
Des recherches menées sur près de 65 000 enfants âgés de moins de 5 ans ont permis d’identifier la prévalence du paludisme et les facteurs de risque associés dans 13 pays d’Afrique subsaharienne.
Une étude récente publiée dans la revue en libre accès PLOS ONE révèle qu’environ 3 enfants sur 10 dans 13 pays d’Afrique subsaharienne souffrent de paludisme. Les plus vulnérables sont les enfants de moins de cinq ans qui vivent dans des familles nombreuses à faibles revenus dans les régions rurales. L’étude a été menée par Dagmawi Chilot, de l’université de Gondar, en Éthiopie, et son équipe.
Malgré les possibilités de prévention et de traitement du paludisme, cette maladie reste un problème de santé publique important. Près de la moitié de la population mondiale risque de contracter cette maladie transmise par les moustiques. L’Afrique est le continent le plus touché, avec 95 % des cas de paludisme dans le monde et 96 % des décès, dont la majorité survient tragiquement chez les nourrissons et les jeunes enfants.
Dans ce nouveau travail, les chercheurs ont utilisé les données de la récente enquête sur les indicateurs du paludisme dans 13 pays d’Afrique subsaharienne : Burkina Faso, Ghana, Guinée, Kenya, Liberia, Madagascar, Mali, Malawi, Mozambique, Nigeria, Sierra Leone, Sénégal et Tanzanie. Les enquêtes ont été menées de 2015 à 2021 et comprenaient des entretiens avec 74 976 parents/tuteurs. L’étude actuelle porte sur 60 541 enfants âgés de 6 à 59 mois.
Dans l’ensemble, la prévalence groupée du paludisme chez les enfants de l’étude était de 27,41 % (IC à 95 % : 17,94-36,88 %), allant de 5,04 % au Sénégal à 62,57 % en Sierra Leone. La probabilité d’infection augmente avec l’âge, les enfants de moins de cinq ans les plus âgés étant plus susceptibles d’être infectés que les plus jeunes. Les enfants des ménages les plus riches (AOR=0,16, IC à 95% 0,14-0,19), ceux dont les mères ont suivi un enseignement primaire (AOR=0,78, IC à 95% 0,73-0,84), ceux qui ont un meilleur logement et ceux des communautés où les moustiquaires imprégnées d’insecticide sont largement utilisées (AOR=0,40, IC à 95% 0,24-0,63) étaient moins susceptibles d’être infectés par le paludisme. Les enfants issus de familles nombreuses (AOR=1,35, 95% CI 1,26-1,45), vivant en zone rurale (AOR=2,16, 95% CI 2,06-2,27), et dont la communauté était très pauvre (AOR=2,66, 95% CI 2,53 – 2,84) étaient les plus susceptibles d’être infectés par le paludisme.
Les auteurs concluent que les moustiquaires imprégnées d’insecticide et l’amélioration de l’habitat sont des moyens prometteurs de prévenir l’infection paludéenne chez les enfants et que les ménages peu fortunés et ceux des zones rurales devraient être prioritaires dans toute distribution massive de moustiquaires.
Référence : « Pooled prevalence and risk factors of malaria among children aged 6-59 months in 13 sub-Saharan African countries : A multilevel analysis using recent malaria indicator surveys » par Dagmawi Chilot, Annelies Mondelaers, Adugnaw Zeleke Alem, Mezgebu Selamsew Asres, Mulugeta Ayalew Yimer, Alemayehu Teklu Toni et Tadesse Awoke Ayele, 31 mai 2023, PLOS ONE.
DOI: 10.1371/journal.pone.0285265