Trine Freiesleben et Jean-Claude discutent des empreintes digitales et de l’endroit où prélever les échantillons OSL. Crédit : Kristina Thomsen, CC-BY 4.0
Des empreintes digitales sur la paroi d’une grotte en France ont été créées avant l’arrivée de l’Homo sapiens dans la région.
Selon une étude récente publiée dans la revue PLOS ONE par Jean-Claude Marquet et ses collègues de l’université de Tours (France), les plus anciennes gravures réalisées par des Néandertaliens ont été découvertes sur la paroi d’une grotte en France.
Au cours des dernières décennies, les recherches ont mis en lumière la sophistication culturelle des Néandertaliens. Cependant, notre compréhension de leur expression symbolique et artistique reste limitée.
Seule une courte liste de productions symboliques est attribuée aux Néandertaliens, et leur interprétation fait souvent l’objet de débats. Dans cette étude, Marquet et ses collègues ont identifié des marques sur la paroi d’une grotte en France comme étant les plus anciennes gravures néandertaliennes connues.
Il s’agit de la grotte de La Roche-Cotard, dans le Centre-Val de Loire, où une série de marques non figuratives sur la paroi sont interprétées comme des traces de doigts, c’est-à-dire des marques faites par des mains humaines.
Modèle 3D animé : La paroi principale décorée de la grotte de la Roche-Cotard. Crédit : Marquet et al, PLOS ONE, 2023, CC-BY 4.0
Les chercheurs ont procédé à une analyse des tracés et ont utilisé la photogrammétrie pour créer des modèles 3D de ces marquages, qu’ils ont comparés à des marquages humains connus et expérimentaux. Sur la base de la forme, de l’espacement et de la disposition de ces gravures, l’équipe a conclu qu’il s’agissait de formes délibérées, organisées et intentionnelles créées par la main de l’homme.
L’équipe a également daté les sédiments de la grotte par luminescence stimulée optiquement, déterminant que la grotte a été fermée par des sédiments de remplissage il y a environ 57 000 ans, bien avant que l’Homo sapiens ne s’établisse dans la région.
Cette constatation, associée au fait que les outils en pierre de la grotte ne sont que des outils moustériens, une technologie associée aux Néandertaliens, est une preuve solide que ces gravures sont l’œuvre des Néandertaliens.
Exemples de gravures découvertes dans la grotte de la Roche-Cotard (Indre et Loire – France). A gauche, le « panneau circulaire » (tracés en forme d’ogive) et à droite le « panneau ondulé » (deux tracés contigus formant des lignes sinueuses). Crédit : Jean-Claude Marquet, CC-BY 4.0
Comme il s’agit de symboles non figuratifs, l’intention qui les sous-tend n’est pas claire. Ils sont toutefois du même âge que les gravures rupestres réalisées par Homo sapiens dans d’autres parties du monde. Cela vient s’ajouter à un nombre croissant de preuves que le comportement et les activités des Néandertaliens étaient aussi complexes et diversifiés que ceux de nos propres ancêtres.
Les auteurs ajoutent : « Quinze ans après la reprise des fouilles sur le site de La Roche-Cotard, les gravures ont été datées de plus de 57 000 ans et, grâce à la stratigraphie, probablement d’environ 75 000 ans, ce qui fait de cette grotte la plus ancienne grotte ornée de France, voire d’Europe ! »
Référence : « Les premières gravures néandertaliennes non ambiguës sur les parois d’une grotte : La Roche-Cotard, Val de Loire, France » par Jean-Claude Marquet, Trine Holm Freiesleben, Kristina Jørkov Thomsen, Andrew Sean Murray, Morgane Calligaro, Jean-Jacques Macaire, Eric Robert, Michel Lorblanchet, Thierry Aubry, Grégory Bayle, Jean-Gabriel Bréhéret, Hubert Camus, Pascal Chareille, Yves Egels, Émilie Guillaud, Guillaume Guérin, Pascale Gautret, Morgane Liard, Magen O’Farrell, Jean-Baptiste Peyrouse, Edit Thamó-Bozsó, Pascal Verdin, Dorota Wojtczak, Christine Oberlin et Jacques Jaubert, 21 juin 2023, PLOS ONE.
DOI: 10.1371/journal.pone.0286568